NE PLUS LAISSER FAIRE OUSMANE SONKO
C’est bien curieux ! Le 5 décembre 2022, révélant «la dernière manœuvre idiote de Ousmane Sonko», qui s’agissait d’un projet d’empoisonnement qu’était venu me proposer un de ses sbires, j’affirmais qu’il ne faudrait pas être surpris qu’il organise son propre empoisonnement pour se faire interner à l’hôpital et demander une évacuation sanitaire, afin de se soustraire à l’action de la Justice, se débiner d’un procès dans l’affaire Adji Sarr. D’ailleurs, le 3 novembre 2022, un de ses lieutenants, Bassirou Diomaye Faye, avait sorti de son chapeau «un projet d’empoisonnement que préparerait le régime de Macky Sall en complicité avec deux pays étrangers». La ficelle était trop grosse. Mais Ousmane Sonko préférerait de la sorte prendre la fuite, que de faire face à ses responsabilités. Aussi, au prétoire, le subterfuge est ordinaire qu’un prévenu se fasse interner à la veille d’un procès pour éviter de comparaître. Mais un tel stratagème n’empêche pas toujours les juges de statuer.
Franchement, je ne pouvais pas m’imaginer que Ousmane Sonko, qui clamait son impatience de confondre Mame Mbaye Niang, allait finir par imiter l’acteur Molière, jouant une représentation de la célèbre pièce Le malade imaginaire, pour faire ainsi renvoyer l’audience de confirmation de ses propos et d’exhibition de ses preuves qu’il disait accablantes. Son mal s’est subitement déclaré après qu’il eut, devant la barre, fini de débiter ses diatribes contre le président Macky Sall et son régime, et surtout juste au moment où le juge Pape Mohamed Diop lui a demandé s’il pouvait fournir les preuves de ses affirmations contre la partie civile, Mame Mbaye Niang, qui le poursuit pour diffamation. Son conseil, Me Ciré Clédor Ly, était, lui aussi, bizarrement tombé malade après avoir fait des déclarations aux journalistes, fustigeant des brutalités policières et après avoir plaidé devant le prétoire, pour le renvoi de l’audience. Evacué sur une chaise roulante, on le verra sur des images, une fois à Paris, retrouver la plénitude de ses moyens comme par enchantement.
Avant lui, Guy Marius Sagna s’était lui aussi retrouvé en moins de 24 heures, tout fringant, après une hospitalisation. Le simple fait que Ousmane Sonko, Me Ciré Clédor Ly ou Guy Marius Sagna ont été internés à la même clinique médicale dont les responsables sont connus pour des prises de position publiques favorables à Ousmane Sonko et à son camp politique, suffit pour rendre dubitatif le plus candide ou crédule. D’ailleurs, l’information livrée par Bamba Fall, maire de la Médina, selon laquelle le parti Pastef aurait signé un contrat d’exclusivité avec la clinique médicale pour ramasser ses victimes lors des dernières manifestations est grave et serait un motif de poursuites pénales pour participation à un mouvement insurrectionnel et non-assistance à personne en danger pour avoir refusé de soigner les victimes qui n’étaient pas du parti Pastef. Toutes les limites sont ainsi franchies.
C’est dire que le «malaise physique» de Ousmane Sonko était apparu si opportun que personne ne pouvait s’y tromper. Mais le juge a discrétionnairement décidé du renvoi du procès en audience spéciale pour le 30 mars 2023. Il reste qu’au sortir de l’audience, le prévenu, dans sa fuite en avant, a poussé l’art de la comédie jusqu’à demander une évacuation sanitaire à l’étranger pour éventuellement se dissiper dans la nature, pour disparaître et n’avoir jamais à faire face à celui qui prétend être diffamé et à la pauvre dame Adji Sarr qui l’accuse de viols et de sévices sexuels. Bassirou Diomaye Faye de rejouer alors le disque de l’empoisonnement. Molière avait fini sa célèbre pièce par disparaître définitivement sans demander ses restes, victime d’un malaise fatal, lors d’une représentation.
Je savais l’homme Sonko lâche et l’avais souligné dans plusieurs textes, notamment en date du 14 janvier 2019, du 15 novembre 2021, du 23 mai 2022, du 13 février 2023. On oublie par ailleurs que, confondu par l’enquête de la gendarmerie d’avoir été un client assidu du salon de massage Sweet Beauté, il avait invoqué un coriace mal de dos qu’il y soignait et qui le handicapait depuis sa tendre enfance. Pourtant, on le verra, quelques semaines après, faire des démonstrations athlétiques, révélant que sa pathologie était on ne peut plus imaginaire. Jouer au malade imaginaire, il n’en est donc pas à sa première pièce de théâtre ! Le 22 mai 2021, à Bignona, en pleine tempête de sa première comparution devant les enquêteurs dans l’affaire Adji Sarr, il avait donné l’impression de tomber dans les pommes avant de se remettre quelques minutes après à chahuter avec ses compagnons.
Les Sénégalais avaient aussi pu mesurer sa lâcheté lors de sa confrontation avec la plaignante Adji Sarr, dans le bureau du juge d’instruction, et aussi en le découvrant, en direct sur les écrans de télévision, perdre ses moyens quand des agents de la police l’exfiltraient de sa voiture, lui qui appelait les jeunes au «Mortal kombat». Pathétique et ridicule. Seulement, je parie que Ousmane Sonko ne pourra pas rester à l’hôpital jusqu’après le 30 mars 2023, jour de procès pour diffamation intenté par Mame Mbaye Niang.
En effet, il ne saurait rester sans se faire applaudir et parler aux médias, se faire en quelque sorte oublier, tant soit peu. («Sonko a donné la verge pour se faire battre», 15 février 2021). C’est le propre du narcissique, dirait un psychanalyste. De toute façon, il va réaliser que sa stratégie d’évasion sera inopérante et il se résoudra à quitter la clinique, pour parader devant les flashs de ses partisans. Quid des nombreuses personnes qui s’émouvaient de son sort et demandaient son évacuation sanitaire à l’étranger ? «Sonko sait rendre ridicules ceux qui le soutiennent», n’avais-je pas déjà «tweeté» le 19 février 2023 ?
En effet, lors d’un rassemblement politique, il cherchait à sauver la face pour avoir fait montre de passivité pour ne pas dire de couardise devant les policiers qu’il avait pourtant bravés ou défiés. Il affirmait après coup que ces derniers voulaient, par leur intervention, lui éviter de tomber dans un guet-apens de nervis commis par ses adversaires. Il aura couvert de ridicule les personnalités politiques de divers bords et ses soutiens aveugles au sein de la Société civile sénégalaise, qui s’étaient fait fort de dénoncer l’intervention policière ! En outre, combien de fois ses mensonges sordides à des fins de manipulation ont-ils été éventés ? Le 29 août 2022, dans ces colonnes, nous disions : «Ils découvrent enfin le véritable visage du leader de Pastef.»
A Macky Sall d’assumer sa responsabilité historique contre ce disciple de Bakounine
La stratégie du dilatoire est manifeste. Va-t-on le laisser tenir le pays en haleine avec ses multiples affaires judiciaires, ses incartades politiques ou ses pérégrinations provocatrices ? A chaque fois que Ousmane Sonko sort de sa maison, tout le monde s’enferme chez soi, les écoles et les commerces sont fermés. Il s’organise de sorte à provoquer le tohu-bohu, indisposer ses autres concitoyens en bloquant la circulation et en suscitant de violentes émeutes. Il s’autorise tout ce qu’aucun autre Sénégalais n’ose faire, et le tribut est lourd pour les autres citoyens. Combien de personnes ont déjà perdu la vie pour les caprices de cet homme politique ? L’Etat va-t-il continuer de laisser compter les morts ? Combien de Sénégalais ont perdu des biens et autres patrimoines, du fait de ses appels publics insurrectionnels, des appels à la violence et aux pillages ? Qui va réparer les graves préjudices subis par les personnes victimes collatérales ? Ni l’Etat, ni les municipalités, encore moins les fauteurs de troubles ne paient les dommages et le manque à gagner pour les acteurs économiques ; et les victimes sont abandonnées à leur pauvre sort. En agissant de la sorte, donc avec passivité, l’Etat finira par se mettre lui-même en danger, et les personnes qui en ont les moyens organiseront désormais leur propre sécurité, celle de leurs proches et de leurs biens. Ousmane Sonko a lui-même appelé au «gatsa-gatsa» (la loi du Talion), ils seront nombreux à ne pas se laisser agresser et riposteront à la hauteur des attaques. Et après coup, personne ne devrait s’en prendre aux autres qui auront fait usage de leur droit à la légitime défense ? On ne le dira jamais assez, il appartient alors à l’Etat de s’interposer et de mettre un terme aux agissements du fauteur de troubles, du donneur d’ordres subversifs qui est bien identifié, qui ne s’en cache pas d’ailleurs, qui l’assume et s’en vante. Il y aura fatalement un prix à payer, mais force est de dire que différer l’acquittement de ce prix va provoquer un renchérissement des coûts humains, politiques, économiques et sociaux.
Je refuse de croire à une stratégie de pourrissement des autorités de l’Etat qui, par attentisme, chercheraient à montrer, au gré des tumultes politiques, le caractère dangereux d’un homme. La preuve est largement faite que Ousmane Sonko est un danger pour la paix civile dans ce pays. Ce serait d’un cynisme abject que de laisser des personnes continuer de mourir, de voir des gens perdre leurs biens, d’assister au saccage de biens et édifices publics, simplement pour montrer la véritable face hideuse d’un homme politique. Le coût budgétaire des opérations de maintien de l’ordre consécutives aux heurts provoqués par les déplacements et manifestations du parti Pastef ne sont pas négligeables, encore que la lassitude et l’exaspération des éléments sur le terrain peuvent, à la longue, être dommageables d’autant que cette situation de tension ou de troubles récurrents peut être réglée dans l’immédiat. Qui plus est, personne ne peut plus affirmer n’avoir pas pris la mesure de la situation. Il demeure que ceux qui le suivront dans sa surenchère continueront à le faire et n’auront pas besoin d’être persuadés d’un danger ou d’une menace quelconque pour changer d’avis. Le peuple du parti Pastef est constitué pour l’essentiel d’un monde de frustrés professionnels, sociaux, politiques ou économiques, qui ne se soucient pas des voies et moyens pour assouvir une revanche ou une vengeance sur la vie. Il ne les intéresse pas de savoir les politiques à mettre en œuvre ou encore moins de se prononcer sur les questions fondamentales comme l’éducation, la santé, l’agriculture, la sécurité ou les infrastructures.
Ousmane Sonko devrait servir de bélier pour forcer les portes du destin ou du pouvoir pour des militants politiques qui n’ont jamais pu espérer d’un «grand soir», et des enturbannés de tout acabit s’en servent comme un «cheval de Troie». Dans une telle ambiance, il ne peut sortir du discours rien de positif, plutôt que de l’invective, de la haine, de la violence, de la dénonciation et de l’aigreur. Même les succès et réussites du Sénégal sont chahutés. Ousmane Sonko n’exprime pas une pensée politique élaborée, mais de ses faits et gestes et de ses déclarations éparses et à l’emporte-pièce, exhale un véritable anarchisme ou nihilisme. Il remet en cause l’Etat et les institutions, toute hiérarchie sociale, politique ou économique, et prône un égalitarisme social. Il ferait un bon disciple de l’activiste d’origine russe, Mikhaïl Bakounine (1814-1876). Il urge de stopper cet aventurier funeste, même si je reste persuadé que «Sonko se brûlera avec le feu qu’il aura allumé» (13 juin 2022).
Les opportuns exemples de la France et des Etats-Unis d’Amérique
La France n’est peut-être pas une grande démocratie, encore moins une référence pour nous autres Sénégalais. C’est pour cela qu’on a assisté, blasés, à des tabassages d’opposants qui continuent de manifester dans les rues pour s’opposer à l’adoption d’une loi allongeant principalement l’âge du départ à la retraite. Des mobiliers urbains ont été détruits par la furie des manifestants dans de nombreuses villes françaises. Mais dans ce pays, l’autorité de l’Etat est telle que des fauteurs de troubles, qui s’en prennent à des biens publics ou privés lors de manifestations, en paient le prix fort en se voyant appliquer rigoureusement la loi pénale. C’est sans doute pourquoi tous les responsables syndicaux ou politiques opposés à la réforme des retraites ont vite couru sur les plateaux de télévision pour se démarquer des casses et autres émeutes, et de souligner «le caractère spontané des événements». D’ailleurs, pour éviter de se laisser soupçonner d’être à l’origine ou d’avoir inspiré des troubles violents, nul n’a osé fustiger l’interdiction, par le Préfet de police, de rassemblements à la Place de la Concorde à Paris. En France, l’autorité de l’Etat est de rigueur, mais au Sénégal, l’Etat apparaît si faible que des citoyens peuvent revendiquer devant les caméras de télévision les saccages de biens publics et privés et des violences contre les Forces de l’ordre ou des menaces de s’en prendre physiquement à des concitoyens, de surcroît des personnes investies de l’autorité de l’Etat comme des juges, des procureurs, des officiers de police ou de gendarmerie.
En France, les manifestants de ces derniers jours agissent pour prétendre défendre une cause générale, impersonnelle, mais au Sénégal, les manifestants sont jetés dans la rue pour défendre un homme de ses actes de fornication présumés délictuels ou criminels ou d’accusations fausses et gratuites qu’il a proférées à l’endroit d’un concitoyen.
On attend de voir aux Etats-Unis d’Amérique, comment la force publique s’abattra sans pitié sur les hordes de manifestants que l’ancien Président Donald Trump voudrait dresser, demain, mardi 21 mars 2023, comme des barricades pour l’empêcher d’aller répondre devant la Justice de ses actes de coucherie qui auraient mal tourné. Du Ousmane Sonko en quelque sorte, à tous points de vue ! Mais la différence sera qu’aux Etats-Unis, la loi passe, quoi qu’il en coûte, et est égale pour tout le monde, et que le Président Trump comparaîtra, de gré ou de force, devant le juge ! Le Sénégal ne saurait faire moins sur le registre du respect de la légalité républicaine et de l’égalité des citoyens devant la loi.