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SE RECONCILIER AVEC LE SENEGAL ETERNEL

Une année préélectorale, c’est beaucoup de bruit. Des passes d’armes et des insultes sur les plateaux de télévision, des menaces tous azimuts, des divergences quasiment sur toutes les questions sociétales, des craintes sur le devenir du pays. Et le Sénégal ne fait pas exception à cette règle. Troisième candidature de Macky Sall, affaire Ousmane SonkoAdji Sarr, arrestations, casses, remise en cause des soupapes de sécurité … Le pays est au bord de la rupture. Les citoyens sont manifestement perdus dans cette tempête médiatico-politique. Le Sénégal tangue. Le Sénégal stagne. Le Sénégal s’effondre. Que faire alors ?

Il nous faut prendre du recul. Il faut se réconcilier avec le silence qui reconnecte avec l’essence. Selon le philosophe Sénèque, le silence se conquiert de haute lutte, car le bruit est dans notre nature profonde. L’homme est un animal bruyant. Si l’interaction humaine évidemment est conditionnée par la capacité de parler, elle est façonnée par la capacité de faire silence, de s’émerveiller. Le Sénégalais manque d’émerveillement. L’émerveillement d’appartenir à ce grand peuple. Au Sénégal fraternel, au Sénégal spirituel. Au Sénégal ‘’Eternel’’.

Ce Sénégal des pères fondateurs comme Thierno Souleymane Baal, Mamadou Lamine Dramé, Bourba Djolof, Cheikh Ahmadou Bamba, Sidy Hadji Malick Sy, Cheikh Ibrahima Niasse, Cheikh Anta Diop, Léopold Sédar Senghor ou encore du très consensuel griot Mansour Mbaye. Ce Sénégal des chrétiens discrets et aimables. Celui des hommes et femmes humbles, mais dignes. Ce Sénégal des héros du quotidien qui ont vaincu la misère par l’hospitalité.

Par leurs dents immaculées et leur sourire désarmant. Ce Sénégal qui a su traverser les clivages ethniques et religieux pour bâtir une nation où le dialogue résiste au conflit, l’humanité au communautarisme, la médiation à l’adversité, le consensus à la division. Ce Sénégal où le cousinage à plaisanterie arrondit les angles et ‘’huile’’ les relations humaines. Ce Sénégal où un sérère peut prendre une épouse au Fouta, en Casamance ou dans le Boundou. Ce Sénégal de sang-mêlé. Sans aucun doute, ce pays est particulier. Il faut le dire, le chanter, le psalmodier. Ce pays fait bon vivre. Oui, il faut refuser sinon combattre toutes les logiques anesthésiantes de pouvoir, de puissance, de prévarication et d’imposture. Le Sénégal mérite mieux.

Le Sénégal exige mieux. Il faut le dire sans langue de bois. Oui, il faut sortir de cet entre-soi qui voudrait que l’hospitalité, l’intelligence et la stabilité soient une exclusivité sénégalaise. Cette nation n’est ni invulnérable ni inviolable. Quand on regarde une tradition, pour reprendre Jean Jaurès, c’est pour chercher une flamme, pas des cendres. Mais mon intime conviction est que cette flamme est toujours incandescente, vivante et diffuse. Même si, il faut l’avouer, tout ce qui est humain ne nous est pas étranger. Il faut néanmoins avoir la reconnaissance de sentir ce que le grand soufi et pôle de son temps Seydina Cheikh appelle ‘’Souhoudoul minaati’’, c’est-à-dire l’observation scrupuleuse des bienfaits de Dieu à l’endroit de l’être humain.

Les fêlures et faiblesses ne doivent pas occulter la beauté de notre nation qui mérite tous les sacrifices. Osons le témoigner durant ce mois béni du Ramadan…. En silence.

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