MANDAT D’ARRÊT DE LA CPI CONTRE POUTINE : L’AFRIQUE DU SUD SOUS PRESSION
Depuis le lancement le 17 mars par la Cour pénale internationale (CPI) d’un mandat d’arrêt contre le président russe Vladimir Poutine pour crimes de guerre présumés en Ukraine, tous les regards se tournent vers l’Afrique du Sud.
Une question revient avec insistance : le président russe attendu le 24 août 2023 en marge des travaux du 15e sommet des BRICS sera-t-il livré à la justice internationale ?
Ce déplacement du chef du Kremlin reste pour l’heure hypothétique et la diplomatie russe maintient le suspense. Mais le sujet est l’objet de crispation au sein du pouvoir sud-africain.
Ménager les susceptibilités
L’Afrique du Sud, dont la position de neutralité vis-à-vis de la guerre en Ukraine agace les Occidentaux, aurait sans doute préféré ne pas avoir à choisir entre le respect de ses obligations internationales en tant que nation signataire du traité fondateur de la CPI et la préservation de son amitié maintes fois revendiquée ces derniers mois avec Moscou.
Les autorités tentent ainsi depuis quelques jours de ménager les susceptibilités en rappelant à la fois la position de non-alignement de l’Afrique du Sud sur le conflit russo-ukrainien et son attachement au principe de la légalité en tant qu’État.
Des tractations sont par ailleurs en cours afin d’anticiper les éventuelles implications d’une prochaine décision du pays sur le sujet. « Nous attendons un avis juridique sur la question », a notamment indiqué la ministre des Relations internationales Naledi Pandor, à la SABC, la télévision nationale, la semaine écoulée.
Le cas Omar el-Béchir
Preuve du caractère sensible de l’affaire, le parti au pouvoir – l’ANC – refuse de se prononcer, préférant refiler la patate chaude au gouvernement. Quant à l’opposition, elle exhorte le chef de l’État Cyril Ramaphosa à refuser tout simplement d’accueillir Vladimir Poutine.
Selon de nombreux observateurs, une telle option éviterait à l’Afrique du Sud d’avoir à se justifier de dérouler le tapis rouge à un visiteur recherché par la justice internationale, comme ce fut le cas avec l’ex-président soudanais Omar el-Béchir en 2015.
L’ancien homme fort de Khartoum, lui aussi recherché par la CPI, avait participé à un sommet de l’Union africaine sur le territoire sud-africain sans être inquiété. L’épisode, conclu par un imbroglio judiciaire, s’est avéré dommageable pour l’image de marque de la nation arc-en-ciel et ses ambitions en tant que locomotive du continent.